
Après avoir saccagé le temple anglais du rugby, les Bleus s’en retournent à la maison. Une semaine après son impressionnante victoire à Twickenham (53-10), le XV de France conclut, samedi 18 mars, l’édition 2023 du Tournoi des six nations face au Pays de Galles (15 h 45, à suivre en direct sur Le Monde.fr). Une dernière sortie printanière avant les matchs de préparation de l’été. Et, surtout, un ultime galop d’essai sur la pelouse du Stade de France avant de débuter « sa » Coupe du monde à domicile, début septembre, face aux redoutables Néo-Zélandais.
A l’issue du « cinquième round de ce Tournoi », comme l’a tourné Raphaël Ibañez, manageur général des Bleus, les Français aspirent encore à lever les bras. Mais leur défaite en Irlande, lors du deuxième match (19-32) et le parcours jusque-là immaculé du XV du Trèfle les fait s’accrocher à l’espoir d’un sursaut d’orgueil anglais à Dublin, pour espérer conserver leur titre. « Nous avons un tournoi à bien finir et encore une main sur le trophée, même si cela ne dépend pas que de nous, a souligné cette semaine Laurent Labit, l’entraîneur de l’attaque tricolore. C’est un grand plaisir de retrouver notre public et nous avons envie de rester sur notre dynamique. »
Le message a été martelé aux coéquipiers d’Antoine Dupont, dès leur sortie de l’Eurostar, au lendemain du crunch : gare à ne pas trop se focaliser sur l’Irlande, rivale à distance pour le sacre, au risque d’oublier le XV du Poireau. « Il ne faut pas se tromper d’adversaire et battre le Pays de Galles. On veut faire un focus sur notre destin, le reste ne nous appartient pas », a ainsi insisté Fabien Galthié, jeudi.
Le sélectionneur n’a pas oublié cette fois où ses troupes s’étaient égarées dans les calculs. En conclusion du Tournoi des six nations 2021 – où un très large succès bonifié aurait apporté le gain du Tournoi –, l’Ecosse était repartie victorieuse du Stade de France, alors que les Bleus avaient pourtant match gagné. « On a essayé d’aller chercher plus que la victoire et on finit avec un match perdu », résumait le troisième-ligne Grégory Alldritt. A trop vouloir en faire… Une partition inachevée que le XV de France, qui a depuis réalisé le Grand Chelem et battu toutes les nations majeures du rugby mondial, ne souhaite pas interpréter de nouveau.
« Cette équipe a longtemps martyrisé le XV de France »
Surtout face à ce Pays de Galles. Vainqueurs en Italie, le week-end dernier, les coéquipiers du capitaine Ken Owens ont, à défaut de convaincre, repoussé le spectre de la Cuillère de bois – qui « récompense » l’équipe ayant perdu toutes ses rencontres du Tournoi. Reste que les Gallois demeurent englués dans des soucis extra-sportifs : l’avenir professionnel de plusieurs cadres demeurant incertain, quelques semaines après que les joueurs ont menacé de faire grève en amont du match face à l’Angleterre.
Et si l’équipe de Warren Gatland – rappelé comme pompier de service sur le banc à l’automne 2022 – a conservé l’ossature de celles ayant décroché le Grand Chelem en 2019 et en 2012 sous ses ordres, les années ont passé et le déclin du XV du Poireau semble inexorable.
« La performance des Français en Angleterre a été fantastique », a salué jeudi le technicien néo-zélandais, soulignant s’attendre à voir les Bleus « forcément déçus d’avoir perdu à Dublin » aborder la rencontre de samedi le couteau entre les dents.
Pour les affronter, le patron des Gallois a choisi de privilégier l’expérience, une semaine après avoir fortement rajeuni son équipe en Italie. Il a donc rappelé ses grognards, à l’instar du deuxième-ligne Alun Wyn Jones – 37 ans et dix-sept Six Nations à son actif – ou l’ouvreur Dan Biggar (33 ans). « En titularisant des gars qui ont été des grands serviteurs du rugby gallois, l’idée est de leur dire : “Profitez du moment, et savourez.” Pour nombre d’entre eux, il pourrait s’agir de leur ultime rencontre dans le Tournoi », a exposé Warren Gatland, engagé dans un renouvellement du XV du Poireau, en vue de la Coupe du monde… 2027.
Chaque jour de nouvelles grilles de mots croisés, Sudoku et mots trouvés.
Jouer
Même si les Bleus ont la faveur des pronostics, le staff tricolore s’attend à voir débarquer à Paris des Dragons libérés et dénués de toute pression. « Il ne faut pas oublier que les Gallois ont gagné le Tournoi il y a deux ans, et ils étaient en position de faire le Grand Chelem, mais nous leur avons enlevé dans les arrêts de jeu. Ce n’est pas loin, deux ans », a rappelé Fabien Galthié, confessant avoir « toujours été impressionné par cette équipe, qui a très longtemps martyrisé le XV de France ».
Après cette ultime semaine de rassemblement avant de retrouver leurs clubs pour la fin du Top 14 et des Coupes d’Europe, les Français entendent « garder les pieds sur terre », a estimé Grégory Alldritt mercredi. Plutôt que de se concentrer sur un écart à creuser – en vue du gain du Tournoi –, « l’objectif est de construire notre victoire comme le week-end dernier, de remettre la même intensité, de jouer juste comme nous l’avons fait à Twickenham », a prolongé le troisième-ligne rochelais. Avant d’attendre, ensemble dans les vestiaires du Stade de France, une éventuelle fumée blanche venue d’Irlande.
Le XV de France remporte le Tournoi des six nations 2023 si…
- Il s’impose avec le point de bonus offensif – au moins quatre essais inscrits –, et si l’Irlande s’incline à domicile face à l’Angleterre (début du match à 18 heures à Paris), mais sans prendre le bonus défensif – par un écart inférieur ou égal à sept points.
- Il l’emporte avec le bonus offensif et que l’Irlande perd avec le bonus défensif, mais que les Bleus obtiennent une meilleure différence de points. Avant l’ultime journée, le XV du Trèfle est à + 66 ; les Bleus à + 46.