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En Tunisie, le taux record d’abstention au premier tour des élections législatives de décembre, près de 89%, a révélé le désintérêt croissant des Tunisiens pour la politique. Alors que le deuxième tour se joue ce dimanche 29 janvier, dans les régions, certains abstentionnistes expliquent leur désaveu, comme à Kettana dans la zone de Gabès au sud tunisien. Dans cette région, le taux de participation au premier tour n’a pas dépassé les 7%.
Avec notre correspondante à Tunis, Lilia Blaise
L’échéance électorale semble être le cadet des soucis de Mohamed Nouri, originaire de Sidi Bouzid et ouvrier dans la métallurgie. Ce travailleur itinérant s’est arrêté sur la route de Kettana pour boire un verre de Legmi, une boisson traditionnelle du sud à base de sève de palmier.
« Écoutez, moi c’est simple, je travaille tout le temps. Si je ne travaille pas, je ne mange pas, puisque je suis payé à la journée, donc je n’ai pas le temps d’aller voter. De toute façon, personne n’était allé voter à ces élections car nous n’avons vu aucun résultat concret depuis longtemps. »
Mondher Mansour, 28 ans, fait vivre trois familles grâce à son étal de souvenirs et de dattes. Il dit ne pas être allé voter, trop préoccupé par ses problèmes économiques du quotidien.
« Franchement les gens n’achètent plus comme avant, il n’y a pas le même passage. Là tout le monde se presse sur l’autoroute pour aller à Sfax ou en Libye, sans prendre le temps de s’arrêter. »
Il hésite à se rendre aux urnes pour ce second tour. « Honnêtement, j’étais content lors de la prise de pouvoir de Kaïs Saïed mais là je comprends plus rien, je ne comprends pas ces élections. J’ai juste l’impression que le pays fait marche arrière. Pour vous dire, lors du premier tour, je suis allé faire un tour au bureau de vote, les militaires m’ont dit que c’était la première fois qu’ils voyaient si peu de monde. »
Pendant l’entre-deux tours, l’Instance électorale a multiplié les campagnes de sensibilisation pour le vote mais dans certaines régions, les derniers candidats n’ont même pas pris la peine d’afficher leur programme ou leur visage.
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