C’est sans doute ça, la « magie olympique ». Avec la perspective d’accueillir les Jeux à l’été 2024 en France, le sport, dont les politiques publiques étatiques avaient tendance à faire peu de cas depuis des années, est soudain affiché comme une priorité.
L’« effet olympique » n’a certes pas été immédiat. Le branle-bas de combat n’a été sonné qu’à partir de mai 2021, quand Emmanuel Macron a appelé à faire de la France « une nation sportive ». Trois ans avant l’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques (JOP). Mais quatre ans après l’obtention de ces derniers.
Jusqu’alors, son premier quinquennat avait surtout été marqué par un coup de canif dans les crédits engagés sur le sport par l’Etat. Au point que, dès octobre 2018, dans une lettre ouverte, 380 sportives et sportifs avaient alerté que « la famille du sport français est en danger ».
La pratique physique et sportive « grande cause nationale pour 2024 » n’a été proclamée qu’en juillet 2022, au début du second quinquennat, avec un objectif : que les JOP laissent un « héritage ».
Cela vaut d’abord pour la pratique des jeunes : la (re) dynamiser est présenté comme la « mère des batailles » par Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des sports et des JOP, qui souligne régulièrement les risques liés à la sédentarité et a aussi fait du sport santé un axe clé.
A l’école, le gouvernement cherche à généraliser trente minutes d’activité physique quotidienne en primaire et expérimente deux heures supplémentaires de sport par semaine au collège. Des mesures qui ne sont pas simples à mettre en place.
Le risque d’un « feu de paille »
Au-delà, « le grand enjeu est de parvenir à fortifier notre modèle sportif », a souvent répété Mme Oudéa-Castéra depuis sa nomination, en mai 2022. Façon de dire que, si l’on veut développer la pratique sportive, il faut tout à la fois faciliter l’accès à celle-ci – mais le Pass Sport par exemple peine à atteindre sa cible de 5,6 millions de jeunes -, consolider l’offre de services et s’assurer de l’existence d’équipements en nombre suffisant, et adaptés.
« Véhicule » traditionnel de cette pratique, le sport associatif est fragilisé et doit être accompagné dans l’évolution de son organisation (renouvellement des bénévoles, professionnalisation, financements) et de son offre, cette dernière ne répondant plus forcément aux attentes, notamment à celles des femmes.
Les infrastructures sportives ne sont, quant à elles, pas assez nombreuses et, pour celles qui existent, souvent vieillissantes. Le gouvernement affirme que « le paysage » de ces équipements « va changer à travers les Jeux ». Il a lancé en urgence, à la fin de 2021, un plan de création de 5 000 équipements de proximité, y consacrant 200 millions d’euros sur deux ans.
Pas suffisant, selon nombre d’élus – notamment les élus locaux, premiers financeurs du sport – qui réclament « un grand plan Marshall » pour les équipements structurants (stades, gymnases, piscines, etc.). D’autant que la crise énergétique a renforcé la nécessité de rénover une bonne partie du parc.
Chaque jour de nouvelles grilles de mots croisés, Sudoku et mots trouvés.
Jouer
« C’est un héritage durable que l’on va laisser, qui va permettre de faire vraiment de notre nation une nation sportive dans la durée par la pratique et par les infrastructures », a assuré M.
Macron, le 14 mars, à 500 jours de l’ouverture des Jeux.
« Ce n’est pas que des mots », affirme le gouvernement. Chiche ! rétorquent les élus, qui attendent que ce soit tangible budgétairement après les JOP. Faute de quoi, à leurs yeux, l’effet olympique, qui a fini par conduire à une hausse des crédits de l’Etat en faveur du sport (même s’ils ne pèsent toujours que 0,2 % du budget), restera « un feu de paille ».