Edouard Philippe, en quête de son image

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Edouard Philippe, à la mairie du Havre, le 6 octobre 2022.

Edouard Philippe s’interroge. Quel est ce mal soudain ? En cet été 2022, le maire du Havre observe les poils qu’il laisse dans son sillage. Son crâne se dégarnit. Sa barbe, blanchie par la maladie auto-immune qu’il a développée lorsqu’il était à Matignon, le vitiligo, devient plus clairsemée. Jusqu’à ses sourcils qui se détachent. Quelques semaines plus tôt, l’ancien premier ministre posait souriant, hâlé, chemise ouverte, pour le photographe de Paris Match sur le port du Havre, son fief. Depuis la ville normande, le patron du parti de centre droit, Horizons, décrit comme « le maître à bord », projetait d’influencer le monde politique pour s’imposer lors de la présidentielle de 2027.

En ce début de janvier, Edouard Philippe s’est prudemment mis en retrait. Depuis le dix-huitième étage de la tour de l’hôtel de ville du Havre, le maire de 52 ans tente d’évacuer le tabou le plus discuté de la vie politique. Ses adversaires glosent d’une transformation si spectaculaire qu’elle pourrait compromettre ses ambitions. Ses soutiens l’appellent à tuer dans l’œuf les murmures inquiets. Jean-Pierre Raffarin, ancien premier ministre, l’a avisé qu’« en politique, l’image est une peau de chagrin qui s’use vite. Il faut se détruire soi-même, pour se recréer ». Edouard Philippe tente, lui, de rester le même. Dans un entretien au Point daté du 12 janvier, il se met en scène en tenue de boxe pour proclamer : « Rien n’a changé. »

Devant Le Monde, le Havrais déroule le même scénario. A peine installé sur son siège, il grimace, souriant de ses courbatures provoquées par l’intense séance de musculation du matin. Sans se faire prier, il embraye sur ses deux entraînements de boxe par semaine, effectués à l’aube. Le message se veut clair : il est en forme. Sujet clos. Pourtant, l’homme qualifié de « beau gosse » sur la chaîne LCP en 2021 n’a plus la même apparence. Sa garde rapprochée redoute les photographes, au cas où le reflet se périmerait en quinze jours. Les élus d’Horizons entendent leurs électeurs : leur champion est-il malade ?

« Délit de sale gueule »

Interrogé sur son alopécie, Edouard Philippe se raidit. Il nous invite sèchement à consulter Wikipédia. Ce ne sont que des poils qui tombent, qui cela intéresse-t-il ? L’énarque fait mine d’ignorer que le pays se soucie de la santé de ses dirigeants. Les Français se sont réveillés, un matin d’avril 1974, en apprenant la mort de Georges Pompidou d’une maladie rare d’abord qualifiée de grippe. Ils ont découvert que François Mitterrand gouvernait le pays depuis son lit, son cancer demeuré un secret d’Etat durant près de deux septennats.

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